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Un internaute condamné… ou l’arbre qui cache la forêt

Haine sur internet condamnation

En janvier 2019 le Réseau des Avocats, Médecins et Notaires Gay-friendly et l’Association STOP HOMOPHOBIE décidaient d’agir ensemble contre la haine en ligne en déposant simultanément plus de 200 plaintes. Deux ans plus tard, un internaute est condamné.

3 mois durant, fin 2018, l’association STOP HOMOPHOBIE avait traqué la haine homophobe sur internet parmi les torrents de boue que déversent quotidiennement les réseaux sociaux. Les constats ainsi réalisés ont ensuite été transmis aux avocats volontaires du Réseau qui ont préparé les plaintes.

Il fut décidé d’en retenir 213, le pire du pire, de les répartir sur une vingtaine de tribunaux et d’aller les déposer, le même jour à la même heure.

Le 17 janvier 2019, nous déposions donc simultanément 213 plaintes pour injure, diffamation et provocation publique à la haine et à la violence à raison de l’orientation sexuelle. En créant ainsi un événement médiatique qu’est venue appuyer une conférence de presse à Paris, nous souhaitions envoyer un message aussi massif que possible : l’impunité c’est fini !

Dissuader les crétins en introduisant la peur du gendarme

Bien sûr nous savions qu’on ne mettrait pas fin de sitôt à la bêtise et à la haine. Mais en créant les conditions de nombreuses condamnations, nous souhaitions faire des exemples dont pourraient se prévaloir les futures victimes. Nous voulions aussi introduire la crainte dans l’esprit des homophobes qui réfléchiraient désormais à deux fois avant de publier leur ignobles commentaires.

Un bilan désespérant

Mais les mois puis les années ont passés sans que la justice ne bouge. De nombreuses plaintes ont été classées sans suite et les autres sont tombées aux oubliettes. Aucun des auteurs des propos que nous avions signalés n’a été inquiété ni même entendu jusqu’ici.
Malgré les félicitations des pouvoirs publics toujours prompts à passer la brosse à reluire aux associations LGBT, malgré les discours enflammés des Ministres et même du chef de l’Etat lui-même contre la haine en ligne, les procureurs nous ont fait savoir que ce combat-là n’étaient pas le leur, faute de temps, faute de moyen, faute surtout de volonté politique.

Une seule et unique condamnation

Le 2 mars 2021, François Sandretti, a été condamné par le Tribunal correctionnel de Nanterre à 5 mois de prison avec sursis et 3.600€ d’amende.

Il avait publié, sous couvert d’anonymat un commentaire injurieux sous un article du journal Le Monde intitulé « Les bisexuels et les pansexuels voudraient sortir de l’ombre ».

On ne peut que se réjouir de cette condamnation.

Mais on n’oublie pas qu’elle a été obtenue de haute lutte par des associations qui ont assuré une surveillance sur le net en lieu et place de la police, ont mobilisé un avocat pour porter plainte, sont parvenues à identifier l’auteur en réalisant elles-mêmes le travail d’enquête et ont finalement refusé le classement sans suite qui leur avait été opposé en se constituant partie civile, obligeant ainsi la justice à poursuivre puis à condamner.

On n’oublie pas surtout qu’il s’agit de la seule et unique condamnation sur les 213 plaintes que nous avions déposées. Un bien maigre résultat pour une opération pourtant menée par des associations importantes à grand renfort de publicité.

Cette opération qui se voulait exemplaire aura mis en lumière l’incroyable décalage qui existe entre les discours politiques bienveillants dont on nous abreuve à longueur de temps et l’absence quasi-totale d’engagement de ces mêmes politiques dans la réalité.

Elle aura dramatiquement illustré par l’exemple l’impossibilité de se protéger et se défendre dans laquelle se trouve les victimes.

Malgré cette condamnation, cette opération aura donc surtout démontré que l’impunité n’est pas un sentiment mais un fait, une réalité qui tient d’abord à l’incapacité des pouvoir publics à faire respecter la loi.

 

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